Accouchement programmé : le déclenchement de la naissance sur commande ?

Naissance programmée, déclenchement d'accouchement : comment ça se passe ?

Il existe parfois des raisons médicales pour qu’une femme accouche avant d’être naturellement en travail. Par exemple, si une semaine ou plus s’écoule après la date prévue d’accouchement et que le bébé n’arrive pas, il peut être nécessaire de déclencher le travail. Ou si la femme ou son bébé sont en danger, une césarienne peut être programmée.

Ces types d’accouchement peuvent sauver des vies. Mais précipiter la naissance d’un bébé pour que cela soit plus pratique pour vous ou votre médecin, peut augmenter le risque de problèmes graves pour vous et votre bébé. On appelle ça un déclenchement de convenance.

Naissance programmée

Un accouchement programmé signifie choisir le jour de la naissance sans tenir compte de la volonté de naître de l’enfant. Sur le plan médical, on situe la date idéale pour accoucher entre le milieu de la 39ème semaine et la fin de la 40ème semaine d’aménorrhée.

Une grossesse menée à terme dure au moins 39 semaines. Bien sûr, certains bébés arrivent naturellement plus tôt. Et les complications pendant la grossesse peuvent faire d’un accouchement précoce le choix le plus sûr. Mais la plupart des bébés ont besoin de 39 semaines pour se développer pleinement. Un accouchement provoqué ou planifié avant cette période, sans raison médicale valable, n’est pas dans le meilleur intérêt du bébé ou de la mère.

Les bébés mis au monde ou accouchés par césarienne avant la 39e semaine sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de respiration et d’alimentation, d’avoir une jaunisse grave et de nécessiter des soins intensifs après la naissance. Ils ont également plus de chances de souffrir d’infirmité motrice cérébrale, qui peut affecter les mouvements, l’audition, la vue, la pensée et l’apprentissage. Et, bien que le risque global de décès du nourrisson soit faible, il est plus élevé pour les bébés qui sont mis au monde avant 39 semaines.

Les femmes qui portent leur bébé pendant au moins 39 semaines souffrent également moins de dépression post-partum. Cela peut s’expliquer par le fait que leurs bébés sont moins susceptibles d’avoir des problèmes que ceux nés plus tôt.

Les indications médicales

Déclencher un accouchement, c’est devancer la nature. Cet acte n’est pas sans risque et il doit se pratiquer pour des motifs précis et dans des conditions médicales idéales. Les indications médicales sont de deux ordres. Pour des raisons de santé maternelle, il est indispensable d’abréger la grossesse. C’est, par exemple, le cas d’une mère hypertendue ou présentant une affection cardiaque ou pulmonaire. L’autre raison est l’intérêt du fœtus. L’enfant souffre dans l’utérus de la mère et mieux vaut le mettre en observation dans une couveuse, à condition que les médecins l’estiment capable de supporter la poussée des contractions et l’effort de la naissance.

Bien sûr, certaines conditions sont indispensables pour ces accouchements à la demande, notamment des paramètres obstétricaux idéaux et la présentation classique de l’enfant tête en bas. Tous ces éléments peuvent être évalués, ce qui permettra d’apprécier la plus ou moins grande facilité avec laquelle se fera l’accouchement. Plus le score est haut, meilleures sont les conditions obstétricales. Enfin, on doit être certain de la maturité du bébé. Sauf cas pathologique, on ne déclenche pas un accouchement avant 38 semaines et demie ou 39 semaines. Encore faut-il être sûr de la date du terme. On peut obtenir la maturation du col en appliquant un gel à base de prostaglandine.

La surveillance

L’accouchement programmé a lieu à la maternité et ne peut en aucun cas être pratiqué à domicile. Le déclenchement se pratique tout d’abord par la perfusion d’une hormone, l’ocytocine(1), qui déclenche les contractions de l’utérus. La femme est allongée sur la table d’accouchement. On installe autour d’elle des appareils de surveillance des contractions utérines et du rythme cardiaque fœtal. On augmente progressivement, sous ce contrôle permanent, la dose d’ocytocine jusqu’à ce que l’on obtienne des contractions bien régulières (lorsque la dilatation du col le permet).

D’autres méthodes peuvent être utilisées pour stimuler la naissance. Une d’entre elles consiste, lorsque le col de l’utérus est partiellement ouvert, à décoller les membranes fœtales du col, une intervention manuelle qui n’est pas toujours agréable. Autre solution, l’amniotomie : grâce à un appareil spécial, le médecin procède à la rupture de ces membranes.

Aujourd’hui, le déclenchement est associé à une péridurale pour permettre à la mère de mieux supporter la longueur accrue du temps de travail. Ensuite, la poche des eaux est rompue et la naissance du bébé se déroule normalement.

Consulter avant la péridurale

L’anesthésie péridurale prévue avant l’accouchement doit être précédée d’une consultation pré-anesthésique.

Au cours de celle-ci, le médecin explique les précautions à prendre et les risques encourus. Il précise aussi les modifications qu’elle entraîne dans le déroulement du travail de l’accouchement programmé.

Il examine la future maman pour prévoir les produits anesthésiants les mieux adaptés. En outre, il demande un certain nombre d’examens tels que le contrôle du groupe sanguin, le dosage d’hémoglobine(2) et la normalité de la coagulation.

Déclenchement artificiel : dans quelles conditions …

Il faut que la future maman donne son consentement et, éventuellement, son mari doit faire de même.

De plus, il faut connaître avec certitude la date du début de la grossesse pour éviter la naissance prématurée du bébé.

Il ne doit pas y avoir de contre-indication.

Et enfin, le col de l’utérus doit être dans un état favorable, c’est-à-dire « mûr ».

Les renseignements que donne le toucher vaginal sont collectés sous forme de tableau et de score. Le plus classique est le score de Bishop. Il tient compte de la dilatation, de l’effacement, de la consistance, de la position du col, de la hauteur de la tête fœtale par rapport au bassin. Tous ces éléments ainsi totalisés donnent un score qui, supérieur ou égal à 5, est idéal pour un déclenchement réussi.

… et pourquoi ?

Aux impératifs médicaux, s’ajoutent parfois des convenances personnelles : la mère souhaite accoucher à une date bien déterminée pour des raisons de confort à la fois familial et psychologique. Un grand nombre de praticiens critique ce genre de motifs, car apparemment, il y a risque supplémentaire pour un bénéfice médical quasiment nul. Seuls avantages, peut-être, la future maman est à jeun, reposée ; la surveillance fœtale s’établit dès le début, le contrôle des contractions est aisé, la mobilisation de l’équipe médicale est totale.

L’avis du Pr René Frydman sur l’accouchement programmé

Je pense que dans l’avenir, cette pratique va devenir courante. Aujourd’hui, tout n’est pas parfait. La programmation se fait soit en fonction d’une situation médicale lorsque la poursuite de la grossesse comporte un risque pour la mère ou pour l’enfant, soit à la convenance de la femme et de sa famille, soit enfin à celle du médecin. Le mieux est que l’un et l’autre se mettent d’accord. L’accouchement programmé permet à la future accouchée d’avoir la certitude que le médecin qu’elle a choisi est disponible, qu’elle n’arrivera pas à la maternité en urgence, surtout si elle a fait le choix d’un lieu un peu éloigné.

Mais un tel accouchement ne se fait pas dans n’importe quelles conditions. Sa réussite tient au fait que le déclenchement se passe au bon moment. La sage-femme et l’accoucheur vérifient l’état du col. S’il est perméable, il ou elle peut rompre les membranes pour déclencher le travail. En un mot, il ne suffit pas de décider pour qu’il soit réalisable. Ces accouchements paraissent toujours plus longs parce qu’ils sont médicalisés dès le début. Ils se font sous péridurale; et on installe une perfusion intraveineuse dès le début du travail pour moduler les contractions. C’est un choix qui vous appartient.

Notes

(1) Voir la définition de l’ocytocine sur le lexique de grossesse
(2) Voir la définition de l’hémoglobine sur le lexique de grossesse

Camille Saurel
Camille Saurel
Camille est à la fois une maman dynamique et une amoureuse des gens en général, du café, de la nature et des livres. Son expérience en tant que jeune maman et sa grande curiosité lui permettent aujourd’hui de prodiguer des conseils aux futurs parents et de partager ses découvertes liées au monde de la parentalité.

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