Si vous êtes « petite » ou « grosse » fumeuse, vous avez toutes les chances que votre médecin vous demande d’arrêter de fumer totalement au cours des mois à venir. En effet, la nocivité du tabac pour le bébé en gestation ne cesse d’être démontrée.
Il faut savoir que, pour la médecine, une femme est considéré comme « tabagique » lorsqu’elle fume plus de 10 cigarettes par jour (ça vaut aussi pour les hommes). Si votre santé n’est pas suffisante pour vous inciter à arrêter de fumer, la santé de votre bébé devrait l’être.
Fumer pendant la grossesse affecte votre santé et celle de votre bébé avant, pendant et après sa naissance. La nicotine (la substance qui crée une dépendance dans les cigarettes), le monoxyde de carbone et les nombreux autres poisons que vous inhalez d’une cigarette passent dans votre sang et vont directement à votre enfant. Pendant la grossesse, il faut également faire attention au tabagisme passif et bien sûr stopper la consommation de drogues et d’alcool.
Des retards de croissance
Redoutable, tel est l’effet du tabac pendant la grossesse, telle pourrait être la conclusion de l’étude faite par le professeur Philippe Crimail. Les substances contenues dans le tabac agissant sur la mère perturbent la vie in utero de l’enfant. D’après lui, le tabac serait responsable d’un tiers environ des retards de poids et de taille et il serait associé éventuellement (mais sans certitude) à un retard du développement psychomoteur. Il faut savoir aussi que le tabac peut entrainer des accidents au cours de la grossesse, tels que des hémorragies et des décollements placentaires, mais les avis sont partagés. Qui est responsable ? le tabac ? le degré d’intoxication de la mère ? ou sa physiologie ?
Ainsi, une enquête menée il y a quelques années sur 6 989 femmes par le professeur Daniel Schwartz de l’Inserm, a démontré l’incidence du tabac dans les naissances à terme d’enfants hypotrophiques (pesant moins de 2 500 g). 8 % d’enfants de petit poids pour les non-fumeuses, 11 % pour des fumeuses qui n’inhalent pas la fumée et 16 % pour des fumeuses inhalant la fumée. Cette même enquête a révélé une plus grande mortalité in utéro chez celles qui fumaient en inhalant la fumée (3,3 %) que chez les non-fumeuses (0,9%) ou fumeuses n’inhalant pas la fumée (1,3 %).
Une autre étude, menée à Nancy sur 5 000 femmes enceintes, a montré que le taux de prématurité des bébés passait de 5,1 % chez les non-fumeuses à 13,2 % lorsque les mères fumaient 20 cigarettes par jour.
Nicotine et oxyde de carbone
La nicotine, qui est l’alcaloïde essentiel du tabac, est une substance qui agit avec force sur l’organisme. On retrouve également aussi aujourd’hui de la nicotine dans les e-liquides pour cigarette électronique. Elle a la propriété de contracter les vaisseaux sanguins, d’augmenter momentanément la pression artérielle et d’accélérer la fréquence cardiaque. L’oxyde de carbone, ensuite, diminue l’oxygénation du sang, ce qui abaisse les performances physiques. Cela augmente aussi les risques de durcissement de la paroi des artères (artériosclérose). Chez une grande fumeuse, les artères du placenta (amenant l’oxygène et les aliments au fœtus) sont plus ou moins bouchées. Et, dans tous les cas, on constate une diminution de leur diamètre; ce qui les empêche de remplir correctement leurs fonctions. Il arrive donc moins d’aliments constructeurs au fœtus.
Les effets à long terme
La nicotine, après avoir traversé la barrière placentaire, atteint la circulation sanguine du foetus. Ensuite, elle se dirige plus particulièrement vers le cerveau, les glandes surrénales, le cœur et l’estomac. Des analyses du liquide amniotique et du placenta montrent des taux plus élevés de nicotine que dans le sang maternel. Il en est de même pour l’oxyde de carbone. Les taux de carboxyhémoglobine sont de 10 à 15% supérieurs chez le fœtus que chez sa mère.
Quand les mamans fument…
Une étude anglaise confirme la réalité des effets nocifs du tabac au cours de la grossesse.
En effet, sur 14 200 femmes enceintes suivies, dont 21 % ont fumé, l’étude montre d’abord que les effets néfastes du tabagisme sur le déroulement même de la grossesse s’observent surtout au 2e trimestre; le risque d’infection urinaire est double chez les fumeuses par rapport aux non-fumeuses. Mais, surtout, l’étude conforte l’hypothèse selon laquelle l’enfant né d’une maman fumeuse peut subir des altérations des taux d’hormones sexuelles retentissant sur sa propre descendance; même en l’absence de tabagisme dans la deuxième génération.
Un questionnaire chez les femmes dont la mère avait fumé durant la grossesse (et qui étaient elles-mêmes fumeuses ou non fumeuses) montre ainsi, outre une apparition plus précoce des premières règles chez les filles, un risque significativement plus grand, lors de leur propre grossesse, de saignements pendant le premier trimestre et surtout de fausses couches. Pour le professeur Jean Golding (Institute of Child Health, Bristol), dirigeant l’étude, ces effets pourraient s’expliquer par un processus d’altération des fonctions ovariennes. Ainsi, on a décelé des ovaires atrophiés sur des animaux femelles exposés au tabac. En outre, d’après une analyse de données remontant à l’année 1958, le tabagisme maternel semble aussi avoir un effet à long terme sur le développement sexuel des garçons; provoquant notamment des anomalies de descente des testicules.
… les bébés souffrent
Deux études mettent en évidence les méfaits du tabac. Une étude du Centre national de statistiques de Santé américain révèle que fumer favorise la formation de bec-de-lièvre chez les bébés. Le risque est proportionnel au nombre de cigarettes fumées. Il est de 50 % en plus si la future maman fume moins de 10 cigarettes par jour; et de 78 % au-delà. Une autre étude, néerlandaise, menée sur 3 000 enfants, montre que le tabagisme maternel a une incidence sur les coliques du nourrisson; et indépendamment du fait que la mère allaite ou non.
À la naissance, l’analyse des cheveux du nouveau-né donne un excellent reflet du degré d’intoxication maternelle par le tabac.
Récap des risques de fumer enceinte
Fumer pendant la grossesse va :
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- réduire la quantité d’oxygène disponible pour vous et votre bébé en pleine croissance
- augmenter le rythme cardiaque de votre bébé
- accroître les risques de fausse couche et de mortinatalité
- augmenter le risque que votre bébé naisse prématurément ou ait un poids insuffisant à la naissance
- amplifier le risque pour votre bébé de développer des problèmes respiratoires (poumons)
- augmenter les risques de malformations congénitales
- accroître le risque de syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN)
- augmenter les risques de problèmes de placenta, comme le décollement du placenta (lorsqu’il se détache trop tôt de la paroi de l’utérus) ou le placenta praevia (lorsqu’il est dans une position où il pourrait se rompre pendant les contractions).
Plus vous fumez de cigarettes par jour, plus votre bébé risque de développer ces problèmes de santé et d’autres. Il n’existe pas de niveau “sûr” de tabagisme pendant la grossesse.
Si vous voulez arrêter de fumer, voici le dépliant Grossesse sans tabac de tabac info service sous l’égide de Santé publique France.