La tablette pour les enfants : est-ce vraiment utile ?

De la télévision au téléphone portable en passant par le GPS dans la voiture, l’ordinateur et même l’appareil photo numérique, les écrans ont envahi le quotidien.

Forcément, comme un tout-petit est fasciné par les jeux d’imitation, il rêve de verser le café comme maman, de bricoler comme papa… et de taper sur le clavier comme tout le monde. Et voilà comment, dès 18 mois, un enfant se retrouve scotché devant un écran, souvent une tablette, sans savoir, le pauvre, qu’il vient d’en prendre pour soixante-cinq piges au bas mot !

La tablette, un jouet comme un autre ?

Après tout, les applications et logiciels ludo-éducatifs présentent l’avantage de renforcer les acquisitions cognitives. Une bonne raison pour sortir sa carte bancaire ? Selon Michael Stora, psychologue et spécialiste de l’impact du jeu vidéo sur les enfants et les ados, les jeux vidéo d’apprentissage des lettres, des chiffres et des couleurs ne sont pas indiqués avant 3 ans.

« Avant cet âge, l’enfant est surtout intéressé par la relation de cause à effet entre son geste et l’animation sur l’écran, explique-t-il. Il peut expérimenter cela avec n’importe quel jouet, ce qui veut dire que les consoles et autres jouets de type ordinateur n’ont pas vraiment d’intérêt avant la maternelle. »

Mais le spécialiste y voit un intérêt essentiel dans le lien d’attachement qui unit un bébé à ses parents : l’attention conjointe. « Entre 1 et 3 ans, les jeux préférés de l’enfant sont ceux qu’il partage avec ses parents qui sont ses objets d’attachement principaux. Comme les objets qui les entourent. D’où l’intérêt pour l’enfant de partager avec l’un de ses parents une vision commune d’un objet, écran ou téléphone portable. »

La notion d’erreur, un + incontestable

Autre point essentiel, selon le psychologue, la notion d’essais et d’erreurs possibles que véhiculent tous les jouets à base d’écran : « Ce sentiment d’échec que va vivre le petit enfant, surtout entre 2 et 3 ans, est important car il fixe des limites et des règles qui façonneront sa façon d’investir les apprentissages. » Sauf que, comme le rappelle Michael Stora, l’enfant est peu sensible aux consignes données par la machine avant l’âge de 3 ans : « Toutes les études le montrent, l’enfant est enthousiaste devant les images lumineuses, mais peu concerné par les voix numériques qui lui demandent de répéter un mot ou de chanter. C’est pourquoi la présence d’un adulte est importante : en complétant les informations auditives de la console, l’adulte incite l’enfant à entrer dans le jeu. Avec un imagier, c’est pareil, l’enfant ne répètera un mot que si l’adulte le prononce avant lui. »

Des acquis intéressants

Les tablettes concernent les enfants à partir de 3 ans. Mais autant le savoir, c’est dans la tranche d’âge des 5-6 ans que l’on trouve le plus d’utilisateurs de consoles de jeux. Inutile de casser sa tirelire pour offrir une tablette à notre petit potache en première année de maternelle uniquement pour le rendre plus intelligent : « Ces jeux d’apprentissage de la lecture des mathématiques ne leur feront pas prendre de l’avance, précise Michael Stora. Tout au plus peut-on espérer une familiarisation de l’enfant avec les lettres et la réactivation d’une connaissance apprise antérieurement à la maternelle.

Vers 4 ou 5 ans, un jeu vidéo purement ludique sera le plus adapté : l’enfant est surtout guidé par le plaisir du jeu et de l’avancée du personnage dans le monde virtuel du jeu. Il cherche à gagner le plus de points possible et à gagner la partie, pas à acquérir les notions éducatives intégrées au jeu. » Selon des études de l’université de Los Angeles, les enfants qui jouent aux jeux vidéo acquièrent plus facilement les notions liées à la représentation de l’espace en trois dimensions, ils développent aussi leur intelligence déductive tout comme la capacité à créer des liens entre les différents éléments afin de trouver une solution pour progresser dans la partie.

Un écran sous contrôle

D’autres études ont montré que ces enfants affinent leur motricité fine, en particulier la coordination main/ œil. Sauf que colorier d’un clic un dessin sur sa tablette n’a rien de comparable avec un vrai exercice de coloriage, avec feutres et papier ! Ainsi, pour aussi intéressants qu’ils soient, les jeux vidéo et autres activités numériques ne doivent pas composer l’essentiel des loisirs de l’enfant : « En remplaçant trop vite les jeux traditionnels par des activités sur écran, l’enfant saute l’étape primordiale où le jeu prend un caractère symbolique, où les jouets d’imagination revêtent une grande importance, conclut le psychologue. Ce sont eux qui permettent à l’enfant de découvrir comment maîtriser ses forces inconscientes, d’exprimer ses sentiments, ses peurs, sa rancune, son agressivité. »

D’où l’importance de ne pas laisser console, ordinateur ou tablette en libre accès. Les activités d’écran ne doivent jamais être prioritaires dans la vie quotidienne… et la consigne vaut aussi pour la télévision !

La star du rayon jouet, cette année encore, c’est la tablette numérique ! Version junior, évidemment. Alors, ça vous laisse songeuse, dubitative ou carrément fan ?

Camille Saurel
Camille Saurel
Camille est à la fois une maman dynamique et une amoureuse des gens en général, du café, de la nature et des livres. Son expérience en tant que jeune maman et sa grande curiosité lui permettent aujourd’hui de prodiguer des conseils aux futurs parents et de partager ses découvertes liées au monde de la parentalité.

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